Visitez la France avec le cinéma français - Épisode 2 : La région Aquitaine

Avec les vignobles les plus renommés du monde, un long cordon littoral et des sites de surf célèbres, le Périgord et ses châteaux, les villages bastides et un département pyrénéen, la région Aquitaine offre une grande variété de paysages et de patrimoines qui ne pouvaient manquer de plaire aux cinéastes.

De Patrice Chéreau pour La Reine Margot en 1994, à Guillaume Canet pour Jappeloup en 2013, beaucoup de cinéastes sont passés par Bordeaux, mais peu s’y sont arrêtés. Yves Caumon l’a fait pour L’oiseau, histoire de solitude et d’enfermement tournée à l’été 2010 et magnifiquement interprétée par Sandrine Kiberlain. Le réalisateur, né dans la région, a fait ses études dans cette ville qu’il a choisie pour son atmosphère. "Bordeaux est une ville follement mystérieuse. Je la trouve envoûtante, si romanesque. Tout peut vous arriver à Bordeaux ... C’est aussi une cage, les gens n’en sortent pas. Mais ce qu’il y a de plus beau à Bordeaux, c’est la Garonne", ajoute-t-il. Tourné en ville, ce film est aussi infiltré par la nature, l’eau, le vent, la végétation. Le mystère d’une ville portuaire, la conjugaison du sentiment d’exil et de l'appel du large offrent plus qu’un cadre idéal à l’histoire, elle en est imprégnée, même si l’essentiel de l’histoire se déroule entre quatre murs. 

La ville de Bordeaux et plus largement le Bordelais sont de par leur histoire considérés comme des terres bourgeoises. C’est cette bourgeoisie provinciale que pourfend dans ses romans François Mauriac, natif de Bordeaux. Le cinéaste Claude Chabrol n’a eu de cesse également de dénoncer l’hypocrisie de cet establishment provincial. Rien d’étonnant donc à ce qu’en 2003, son cinquantième film, La fleur du mal se déroule à Bordeaux et dans la région. Chabrol y aborde le thème de ces riches familles qui se marient entre elles et enfouissent leurs secrets. "J'avais déjà tourné Docteur Popaul près de Bordeaux ... J'ai choisi d'y revenir parce que je voulais raconter une histoire de famille et les familles qui se perpétuent ne sont pas rares par ici". Les scènes qui se déroulent dans la résidence secondaire de la famille sont tournées dans le bassin d’Arcachon. 

Laetitia Colombani, née à Bordeaux y a tourné son premier long métrage, un thriller psychologique sorti en 2002, avec Audrey Tautou et Samuel Le Bihan dans lequel, là encore, les apparences sont trompeuses, comme l’est la ville qui cache ses secrets derrière une vie normale. "La Province et Bordeaux en particulier se sentent dans l'image d’À la folie… pas du tout", a t-elle déclaré. 

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Le vignoble bordelais, les problèmes de succession familiale et le respect des traditions viticoles ont été au cœur de nombreuses mini-séries télévisées. Le film Tu seras mon fils de Gilles Legrand, sorti en 2011, illustre les mêmes thèmes : l’attachement au terroir, l’affrontement entre tradition et modernité, le conflit des générations. Ce film a été tourné dans le vignoble de Saint-Émilion classé au patrimoine immatériel de l’UNESCO, principalement dans le château, les vignes et les caves du Clos Fourtet. C’est une plongée authentique dans le travail de la vigne qui mêle esthétisme et réalisme   le maître de chai du lieu y hérite même du rôle d’un ouvrier viticole. Le domaine a séduit le réalisateur avec sa vue sur le clocher du village et des vignes qui viennent jusqu’à la porte du château ; les murs intacts du domaine renforcent le caractère intimiste du film et le huis clos de ce drame familial dont le vignoble et le vin sont des personnages à part entière. 

Pour tourner Camping 2Fabien Onteniente revient en 2010 dans le bassin d’Arcachon et sur la dune du Pyla. Ces lieux sont aussi au cœur du troisième film de Guillaume Canet, Les Petits mouchoirs tourné à la fin de l’été 2009. Un groupe d’amis parisiens se retrouve dans la maison de vacances de Max (François Cluzet) à Cap-Ferret. Baignade, surf et ski nautique, promenade en mer, farniente dans la maison sous les pins, course sur la plage – "les joies du bord de mer" comme le dit Antoine (Laurent Lafitte) – on est dans un dépliant touristique. Couleur locale assurée : le curé est un vrai curé et Jean-Louis, l’ami local du groupe est joué par un vrai ostréiculteur ! Celui-ci, qui vit dans ce sublime environnement est le seul ami sincère. À l’opposé de l’égoïsme et des mensonges du groupe parisien dont la vie, dans la première séquence du film, se déroule symboliquement dans une boite de nuit, lieu où s’épanouit la frivolité. Une opposition entre la nuit et la lumière du jour.

Camping et Les Petits mouchoirs révèlent aussi une opposition, ils montrent les deux visages du bassin d’Arcachon, le côté populaire et le côté bourgeois. 

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Bien que d’Artagnan ait été originaire de Gascogne, c’est dans l’ancienne province voisine de Guyenne, que les cinéastes ont souvent posé leurs caméras pour tourner les nombreuses adaptations d’Alexandre Dumas. Les châteaux de Dordogne sont en effet un cadre idéal pour les films historiques. Sorti en 2007, Jacquou le croquant, de Laurent Boutonnat, est adapté d’un roman d’Eugène Le Roy rendu célèbre en 1969 par une série télévisée. Il relate la révolte d’un jeune paysan Périgourdin du XIXe siècle. Pour ce film aux images soignées, le réalisateur est allé chercher dans les Carpates des décors naturels semblables à ce qu’il imagine de la Dordogne il y a deux cents ans – de grands espaces sans trace de civilisation et des masures pas trop restaurées. Mais si l’essentiel du film est tourné en Roumanie, c’est bien en Dordogne que sont filmées les scènes champêtres ou villageoises : à Montignac, Terrasson-Lavilledieu, Besse, Beynac, Cazenac et surtout à Sarlat ; de Dordogne aussi les demeures seigneuriales : châteaux d’Hautefort et de Saint-Geniès, celui de L’Herm auquel le héro met le feu et ceux de Biron et de Beynac. On retrouve ces deux derniers dans de nombreux films historiques, notamment La fille de d’Artagnan de Bertrand Tavernier en 1994, Les Visiteurs de Jean-Marie Poiré en 1993 et 1998, et Jeanne d’Arc de Luc Besson en 1999. Le Pacte des loups, de Christophe Gans, sorti en 2001, censé se dérouler en Lozère est filmé en Hautes-Pyrénées, mais la Dordogne impose encore son architecture médiévale avec les châteaux de Jumilhac et de Puyguilhem et la ville de Sarlat. Cette ville de moins de dix mille habitants a accueilli plus de vingt longs métrages et une dizaine de téléfilms ou séries télévisées ; on peut gager qu’au-delà du cadre médiéval les cinéastes et leurs équipes apprécient aussi la cuisine locale et les vins du cru !

À suivre … Épisode 3 : La région Corse

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