Visitez la France avec le cinéma français - Episode 1 : La région Rhône-Alpes

Avec le sommet de l’Europe occidentale, une vallée viticole et une capitale régionale à la confluence de deux grands cours d’eau et porteuse de plus de vingt siècles d’histoire, la région Rhône-Alpes multiplie les atouts pour attirer les réalisateurs. Nous avons retenu une dizaine de films qui la mettent particulièrement en valeur. 

Conte d’Automne d’Eric Romer (1998) a été tourné à l’époque des vendanges, dans la vallée du Rhône, entre Saint-Paul-Trois-Châteaux et Bourg-Saint-Andéol. La vigne et le début des vendanges, la lumière de fin d’été, les ciels encore bleus, la chaleur des maisons de pierre ocre sont en harmonie avec cette histoire de solitude, d’amitié, de rencontres et de quête sentimentale. Un beau film qui met en scène l’arrière saison de la vie de gens ordinaires: conversations sous les arbres, repas en plein air et balades entre les pieds de vigne.

Paysage drômois aussi, celui du Vercors, un massif des Préalpes, pour Une hirondelle a fait le printemps qui se déroule entre une ferme au bout du monde et des prairies verdoyantes ou enneigées sous des falaises abruptes. Choc des cultures et des générations entre la parisienne qui a quitté l’informatique et l’éleveur de montagne qui lui transmet sa ferme, cette confrontation est servie par deux excellents acteurs. Le troisième personnage est la nature dont la sérénité et la dureté rapprochent ces deux solitaires. Tourné en juillet/août 2000 et janvier 2001 par Christian Carion, le film met en scène le passage des saisons et la splendeur du paysage de montagne. 

Les films tournés à Lyon sont innombrables. Pour des raisons historiques, la liste comprend des films sur la Résistance – Lucie Aubrac pour le dernier d’entre eux, des thrillers et histoires de voyous dont Requiem pour une tueuse, Les Lyonnais, et 11.6 pour les plus récents, et des films sur les mœurs bourgeoises –Thérèse Raquin de Marcel Carné, film de 1954, en est le plus représentatif. Mais au-delà du cadre historique, c’est l’atmosphère de la ville, souvent au centre de l’histoire, qui a intéressé les réalisateurs.

Arrête ou je continue de Sophie Fillières a été tourné à Lyon et dans ses environs au printemps 2013. Emmanuelle Devos fuit Mathieu Amalric ; elle a besoin d’air et va respirer dans les Monts du Lyonnais et se perdre dans le silence des bois. Un retour vers la loi de la nature plutôt que celle du couple et du statut social, selon la réalisatrice. Quant à Lyon, Sophie Fillières a voulu en montrer le côté labyrinthique et très pentu plutôt que les monuments ; elle a aimé la proximité d’une ville capitale avec une nature exubérante.

Bertrand Tavernier, né à Lyon, et fidèle à sa ville – il y préside l’Institut Lumière et son festival de cinéma – a tourné plusieurs films dans la capitale régionale. « Lyon est mon Rimini à moi », dit-il, faisant référence à la ville natale de Fellini. Auteur en 1988 d’un film documentaire intitulé Lyon, le regard intérieur, il avoue aimer, dans ses moments de doute, revenir filmer à Lyon. C’est dans sa ville qu’il a le plus de facilité à ancrer ses personnages. En 1974, il y tourne son premier film, L’horloger de Saint-Paul qui se déroule dans le vieux quartier Saint-Paul avec des scènes dans d’autre lieux emblématiques de la ville, les quais de Saône, la Place des Terreaux, les pentes de la Croix-Rousse ou le Parc de La Tête-d’Or. Admirablement montrée, l’ambiance de la ville, en harmonie avec ce drame, est bien plus qu’un cadre de tournage ; l’histoire de Lyon a engendré des individus semblables aux personnages de l’horloger et son fils, celui qui respecte l’ordre établi et le révolté, antagonistes que ce film va réconcilier.Bertrand Tavernier revient à Lyon en 1980 pour Une semaine de vacances ; l’histoire portée par Nathalie Baye, une enseignante qui doute de son travail est elle aussi indissociable de son cadre, du flou du ciel et des vagues brumeuses des quais du Rhône et de la Saône. En 1986, Bertrand Tavernier inclut une séquence lyonnaise dans Autour de minuit, histoire de jazzmen entre Paris et New York.

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Le département de Haute-Savoie et les Alpes sont le cadre idéal pour filmer les exploits des grimpeurs, mais paradoxalement le cinéma en fait souvent un lieu de huis-clos. Les marmottes d’Elie Chouraqui, réunion annuelle dans un chalet familial, en est l’exemple en 1993. Pour les images de Chamonix et du Mont-Blanc à l’aube, on préfèrera  regarder la randonnée d’un juge (Francis Huster), d’un avocat (Fabrice Luchini) et de leurs épouses dans le film de Claude Lelouch Tout ça…Pour ça ! sorti également en 1993. Un huis-clos aussi, mais qui se déroule en plein-air ! Lelouch est revenu tourner au pied du Mont Blanc pour Salaud, on t'aime qui vient de sortir en France (et qui sera présenté au festival ColCoa à Los Angeles fin avril), avec de splendides images des Alpes dignes de National Geographic. Le passage des saisons et la vie animale semblent inclure Johnny Halliday, dont le personnage, au centre de l’histoire, a appelé ses quatre filles du nom des quatre saisons.

Tourné sur le massif du Mont Blanc, Malabar Princess de Gilles Legrand est sorti en 2004. Le glacier blanc dans lequel ont disparu la mère d’un enfant et l’avion qui donne son titre au film sont au centre de l’obsession et des recherches des personnages. Jacques Villeret y tient magnifiquement le rôle du grand-père, montagnard bourru que la vie vient déranger dans son chalet perdu. Le Tramway du Mont-Blanc, qui grimpe à plus de 2 300 mètres, tient aussi un grand rôle dans le film. Il est aussi en vedette dans Salaud, on t'aime

Entre 2004 et 2012, Pascal Thomas  a exploré le département voisin de la Savoie en même temps que l’œuvre d’Agatha Christie en adaptant trois nouvelles de la reine du polar britannique. Les alpages et les châteaux savoyards ont remplacé la campagne anglaise et les résidences victoriennes. Tourné à l’automne 2004 près de Chambéry, dans les villages et la campagne des massifs des Bauges et de la Tarentaise, Mon petit doigt m'a dit …  sort en 2005. Les rives du lac du Bourget, avec les châteaux de La Serraz et de Châtillon, et celui de Francin, près de Chambéry, servent de cadre aux aventures d’un couple, aussi improbable que leurs prénoms, formé par Bélisaire et Prudence. Les mêmes châteaux et leurs environs servent de cadre à l’hiver 2008 pour Le crime est notre affaire, second épisode des aventures du couple farfelu joué par Catherine Frot et André Dussollier. Les scènes en montagne sont tournées dans le Val d’Arly, entre chaîne des Aravis et Massif du Mont Blanc. En 2012, le réalisateur revient une troisième fois aux mêmes lieux - « Ça aurait été moche, on n’y serait peut-être pas retourné! a-t-il résumé »- mais cette fois c’est en été qu’il tourne Associés contre le crime. Pour les besoins du tournage, le château des Avenières hôtel quatre étoiles de Cruseilles, celui-ci en Haute-Savoie, est transformé en clinique. Des scènes sont tournées dans les rues et à la piscine des thermes d’Aix-les-Bains. Ces trois films vous charmeront autant par leurs personnages loufoques et les dialogues pleins d’esprit que par les paysages, beaux en toute saison. « Quand la nature vous offre de la beauté, vous la prenez » a déclaré Pascal Thomas à propos de cette trilogie.

À suivre … Épisode 2 : La région Aquitaine

DM

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