Un cycle François Truffaut à Houston

Disparu prématurément il y a juste trente ans, François Truffaut, un des fondateurs de la « Nouvelle Vague », a cependant laissé une longue filmographie. Pendant vingt-cinq ans, il a écrit la chronique désabusée de héros à la fois distanciés et passionnés, qui se retrouvent souvent seuls et se rendent compte, comme le dit Muriel à la fin de Deux Anglaises et le continent que « le bonheur, on ne le sait qu’après ». 

Les films de François Truffaut ont contribué à imposer un nouveau langage cinématographique. Celui qui avait dénoncé l’emprise des “fausses légendes” du cinéma français et admirait Jean Renoir est par contre toujours resté fidèle à une narration d’emblée évidente pour le spectateur, au contraire de Jean-Luc Godard. Après son film autobiographique, Les quatre cents coups, il a d’ailleurs toujours travaillé avec des scénaristes. 

Mais derrière un récit linéaire, par petites touches, Truffaut nous fait prendre conscience des véritables ressorts du destin de ses héros. Ses personnages, souvent emblématiques de lui-même, et souvent déchirés entre le désir de la durée et le sentiment que tout s’achève un jour, nous touchent aujourd’hui encore, même lorsque l’action se situe dans un passé lointain. « Si on fait un cinéma affectif, comme celui que je fais, on ne peut filmer que des déchirements. » dira-t-il. La complexité des sentiments, le mélange de sincérité et de mensonge, d’effronterie et de pudeur, d’audace et d’indécision des héros de Truffaut provoquent en retour chez le spectateur un mélange de plaisir et d’amertume. Passée l’émotion ressentie pendant la projection, certaines scènes continueront à faire écho dans nos vies. On se souviendra de la scène d’enterrement à l’ouverture de L'Homme qui aimait les femmes ou de la scène finale de La femme d’à côté, de la chanson de Boby Lapointe, dans Tirez sur le pianiste ou de celle de Jeanne Moreau dans Jules et Jim,  ou bien, dans Les 400 coups, de l’entrevue d’Antoine avec la psychologue et, dans Baisers volés, de la scène du petit déjeuner.

Restera aussi cette question que, comme ses personnages, Truffaut se pose dans La nuit américaine : le cinéma vaut-il mieux que la vie ? interrogation à laquelle Ferrand (François Truffaut) répond : « la vie privée, elle est boiteuse pour tout le monde. Les films sont plus harmonieux que la vie », tandis que, plus tard, Alphonse (Jean-Pierre Léaud) dira « La vie est plus importante que le cinéma. »

Tous les films de la rétrospective Truffaut

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