Qu’a pensé la presse américaine du remake US d’Intouchables ?

Les premières critiques, très attendues, sont tombées pour The Upside, dont la sortie est prévue aux Etats-Unis pour mars 2018. Kevin Hart et Bryan Cranston ont-ils fait mieux qu’Omar Sy et François Cluzet ?
 
Le remake d’Intouchables, réalisé par Neil Burger à qui l’on doit notamment les films d’action Divergent et Limitless, se sera fait attendre : la première projection de The Upside, lors du festival de Toronto, arrive près de cinq ans après le succès mondial de la comédie française. Lors de la sortie outre-Atlantique du long-métrage d’Eric Toledano et d’Olivier Nakachede nombreux critiques américains n'avaient que peu goûté aux blagues d'Omar Sy et de François Cluzet, trouvant problématique et porteur de préjugés raciaux son sujet qui exploite un cliché du cinéma américain : un homme noir qui délivre son supérieur blanc de sa vie de grincheux borné. Telle était l'analyse d'une partie de la presse américaine lors de la sortie d'Intouchables en 2012, et ce même si le scénario est adapté d'une histoire vraie.
 
Indiewire, accorde la note de C au film et conclut ainsi : « The Upside est un film paradoxal dans le sens où il fait mieux que le long-métrage original (Intouchables) mais ne justifie pas pour autant la nécessité de ce remake ». Selon le site de référence du cinéma indépendant, la chose la plus positive de ce remake est qu’il en lisse « les éléments raciaux dérangeants » pour en faire « une aimable et simple comédie ». Le critique remarque que le film n’échappe pourtant pas au cliché de “la magie de l’homme noir” mais il salue les deux acteurs principaux qui arrivent à sortir de l’ornière la plupart des scènes comiques.
 
Pour The Hollywood Reporter, il y a un bon côté (upside) et un mauvais côté (downside) à ce remake. Le bon côté, c’est la paire d’acteurs, Bryan Cranston et Kevin Hart : « on rit plus que dans l’original, en particulier grâce à Kevin Hart ». Le mauvais côté, pour le célèbre magazine de cinéma américain, est que la paresse du scénariste et du réalisateur, qui ont suivi une recette qui a marché au box-office « sans réussir à dégager les deux personnages » des clichés raciaux. Mais pour le critique Jordan Mintzer, on passe outre grâce « au charisme de Hart et au timing de Cranston qui ponctue de mimiques la prestation de son partenaire (…) Il faut remonter aux comédies des frères Farrelly (Mary à tout prix) pour trouver un film qui balance autant de blagues sur le handicap et c’est sans doute la première comédie hollywoodienne où l’on rit autant d’une personne qui essaye de changer un cathéter ».
 
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Le critique a également apprécié le style plus nerveux et plus naturaliste de The Upside par rapport à Intouchables,  à la réalisation plus élégante. Le journaliste s’attend à un succès au box-office du film, à l’image du remake de la comédie française Trois hommes et couffinThree Men and a Baby, avec Tom Selleck et Ted Danson, plus gros succès au box-office américain en 1987, devant Liaison Fatale et Le flic de Beverly Hills !
 
Scott Tobias de Variety est d’accord avec ses confrères : « tous les défauts du film original sont présents – le balancement risqué entre irrévérence et sentimentalisme et surtout la dépendance aux stéréotypes et une vision raciale “pittoresque” – mais la performance des deux acteurs permet d’aller au-delà de ces défauts ». Il conclut cependant qu’on a peu œuvré à adapter Intouchables à la culture américaine et à en faire un nouveau film. Le casting seul l'empêche de sombrer dans l’exploitation cynique d’une franchise et pourrait suffire à un retour sur investissement, « mais Hart et Cranston méritent un meilleur support que ce modèle usé ».
 
Tina Hassannia, collaboratrice canadienne de diverses revues américaines a donné son avis sur le site de référence RogerEbert.com. Elle aussi regrette les rares changements dans ce remake d’un film réussi « basé sur des personnages stéréotypés ». Pour elle, The Upside fait montre d’une tendresse qui lui permet de bien vendre les plus petits moments qui marquent l’évolution des personnages et qui ont de temps en temps un charme réel. Selon elle, les scénaristes « peuvent remercier Bryan Cranston et Kevin Hart d’avoir donné corps à cette histoire », mais regrette que malgré leurs efforts le film ne fonctionne jamais pleinement car « on n’oublie pas le cliché de l’homme noir magique qui redonne le goût de la vie à l’homme blanc fortuné – un projet narratif qui met le spectateur mal à l’aise. »
 
L’avis de la presse américaine remet donc en lumière les critiques reçues par Intouchables à sa sortie aux Etats-Unis. Ce type de duo n’avait en France d’exemple célèbre que Rabbi Jacob avec Louis de Funès et son chauffeur juif Salomon, interprété par Henri Guybet ; il y est perçu comme un plaidoyer pour la tolérance. Ce filon très exploité par Hollywood n’est plus perçu aux Etats-Unis que comme de la complaisance envers des stéréotypes, d'où les critiques très mitigées du remake d'Intouchables. La presse américaine s’accorde cependant à dire que le film est meilleur que l'original et peut trouver son public grâce à son excellent duo d’acteurs.Le film sortira aux Etats-Unis en mars 2018.

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