Les producteurs français engagés dans la course aux Oscars

En plus de Saint Laurent, film proposé par la France pour l’Oscar du film en langue étrangère, une dizaine d’autres films proposés par leurs pays d’origine ont été partiellement financés par des producteurs français.

Ye Ying (Le promeneur d’oiseau), présenté par la Chine, tourné en Mandarin dans le Guangxi par Philippe Muyl, a été coproduit par Pan Eurasia Films et Kinology, avec une participation du CNC.

Deux jours, une nuit, proposé par la Belgique, dont le rôle principal est tenu par Marion Cotillard, a été coproduit par Archipel 35 et France 5.

Turist (Force majeure), pour la Suède, tourné en Maurienne et Tarentaise, dans les Alpes,  a été coproduit par Rhône-Alpes Cinéma et par la Société Parisienne de Production.  

1001 grams, le film norvégien, tourné à Paris, a été coproduit par Slot Machine, partenaire habituel du réalisateur danois Lars von Trier.

Il capitale umano, pour l’Italie a été coproduit par Manny Films dont c’est seulement le troisième long métrage.

Kış Uykusu (Winter Sleep), un des grands favoris, représentant la Turquie, a été coproduit par Memento Films Production et Arte France Cinéma.

Timbuktu, pour la Mauritanie, a été coproduit notamment par Les Films du Worso, Arches Films, Orange et Canal+,  avec une participation du CNC.

Eyes of a Thief  représente la Palestine ; il a été coproduit par MACT Productions qui avait déjà produit le film palestinien Girafada.

Gett (Le Procès de Viviane Amsalem), pour Israël, a été coproduit par Elzévir Films, Arte France Cinéma, Canal+ et Films Distribution.

Simindis kundzuli (La terre éphémère), pour la Géorgie, a été coproduit par Arizona Films France qui avait déjà produit le film géorgien proposé à l’Oscar 2014. 

Avec cette liste, on peut apprécier l’engagement des producteurs français sur tous les continents. Le développement des coproductions internationales est d’ailleurs une tendance forte dans nombre de pays européens. Au point que la nationalité d’un film devient parfois incertaine. Uzun Yol (Little Happiness) qui représentera le Royaume Uni n’a été projeté à Londres qu’à l’occasion d’un festival du film turc. Il a été tourné en Turc à Istanbul par Nihat Seven qui vit à Londres. Il est vrai les Britanniques ne peuvent concourir dans cette catégorie avec un film tourné en Anglais ! Mais les films anglophones qui répondent plus facilement à l’exigence d’une sortie préalable aux Etats-Unis sont par ailleurs surreprésentés dans toutes les autres catégories. On peut rappeler que The Artist est le seul film non anglophone (et pour cause !) à avoir décroché l’Oscar du meilleur film. 

Ces distinguos entre la nationalité du cinéaste, celle du film, et la langue de tournage ne sont pas tout à fait nouveaux. En 1960, Marcel Camus obtenait pour la France l’Oscar du meilleur film étranger pour Orfeu Negro, tourné en Portugais, alors qu’en 2012, Michael Haneke l’obtenait pour l’Autriche avec Amour tourné en Français. Cette forte présence des producteurs français dans le cinéma du monde est néanmoins récente. Ces coproductions sont juridiquement encadrées par des traités bilatéraux ; le Canada, grâce à son bilinguisme, et la France, pays initiateur du mouvement, sont largement en tête pour le nombre d’accords signés. Ouverture à d’autres environnements professionnels et artistiques, la coproduction est une démarche délibérée des professionnels français. En retour, en favorisant la connaissance des attentes d’autres publics, elle aide les cinéastes français à s’imposer hors des frontières – tout en ayant jusqu’ici évité l’écueil d’une standardisation culturelle.

Le 15 janvier 2015, l’académie des Oscars rendra publique la présélection de neuf films acceptés à concourir. Les cinq nominés sont généralement connus dans la semaine qui suit la publication de cette première liste.

DM

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