Le milieu du cinéma ouvre-t-il assez ses portes ?

Aujourd’hui encore, si l’on est né à Brooklyn dans une famille afro-américaine ou dans l’Essonne de parents algériens, les métiers d’acteur ou de réalisateur de cinéma sont rarement une option. Des deux côtés de l’Atlantique, on travaille à remédier à cet état de fait.

Faire du cinéma a longtemps été un rêve inaccessible aux enfants de milieux socioculturels défavorisés, en particulier lorsqu’ils étaient issus de l’immigration ou de minorités.

Aux Etats-Unis, avant Morgan Freeman, Sidney Poitier est longtemps resté un cas unique. Aujourd’hui, avec Denzel Washington, Whoopi Goldberg, Eddie Murphy, Forest Whitaker, Halle Berry, Jamie Foxx, Lucy Liu,ou Will Smith, la présence des minorités dans le cinéma hollywoodien a été assurée. Mais une jeune génération tarde à se manifester, et côté réalisateurs, Spike Lee, qui n’est pas issu d’un milieu défavorisé, est resté bien seul.

En France, les enfants issus de l’immigration ont plus tardé à trouver leur place. Rachid Bouchareb, Abdellatif Kechiche ou Samy Naceri ont ouvert la voie. Mais aujourd’hui, une génération d’acteurs comme Omar Sy, Tahar Rahim, Claudia Tagbo, Aïssa Maïga ou Leïla Bekhti donne de l’espoir aux plus jeunes. Ici aussi cependant aucun jeune cinéaste ne s’est récemment affirmé parmi cette population biculturelle. 

Un projet commun entre New York et Paris

Reel Works Teen Filmmaking  est une association brooklynite, basée à Gowanus, zone d’activités industrielles et de startups, mais aussi espace d’innovations artistiques, paradis pour les “makers” et pépinière d’associations de quartiers.

1000 Visages est une association castelviroise … de Viry-Châtillon, banlieue sud de Paris, zone d’activité industrielle avec deux cités classées en “quartier prioritaire”, un cinéma d’art et d’essai, une douzaine d’associations culturelles.

Ces deux zones d’habitation ont en commun une population en difficulté et leur dynamisme culturel. Reel Works et 1000 Visages ont le même but : ouvrir le cinéma à la diversité et initier des jeunes de toutes classes sociales aux métiers du cinéma. L’objectif n’est pas de faire un cinéma des ghettos, mais de sortir le cinéma de ses réseaux établis. Les deux associations ont déjà montré leur capacité à propulser ces jeunes dans le monde du cinéma professionnel ou à les pousser vers des formations d’excellence. Elles se sont rejointes pour partager leur expérience et bâtir un projet commun.

L’été prochain cinq jeunes banlieusards de Grigny et Viry-Châtillon vont poursuivre leur travail d’apprentissage à Brooklyn avec cinq jeunes habitants du New Jersey et de Brooklyn. Après une préparation via Skype, les deux équipes vont tourner ensemble un court métrage dans les quartiers des jeunes new-yorkais. La semaine suivante, les dix cinéastes en herbe feront le même travail en région parisienne. Le programme est soutenu par la fondation Create Joy de Vivendi et par l’entreprise de financement participatif Kickstarter.

Cette initiative mérite d’être soutenue ; elle rappelle des deux côtés de l’Atlantique, que si le cinéma est un art, son langage et ses techniques doivent pouvoir être accessibles à tous.

Pour en savoir plus : www.kickstarter.com/projects/reelworkstour/reel-works-goes-to-paris

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