Le marché en pleine expansion des films sur les vols long-courriers

La présence importante de sociétés françaises dans la diffusion de films dans les avions ne profite guère pour l'instant à l’industrie cinématographique hexagonale.

La grande majorité des long-courriers proposent aux passagers un écran personnel qui permet d’accéder aux informations de vol, à des jeux vidéo, de la musique, parfois à des chaînes de télévision, et à des films en VOD. 

Appelé divertissement à bord (in flight entertainment), ce service représente un coût élevé dans la construction de l’avion: le troisième poste après carlingue et moteurs. Panasonic Avionics Corporation, créée en 1979, est presque en situation de monopole jusqu’à l’arrivée en 2002 de Thales IFEC. Cette filiale californienne du groupe français s’est fait une place importante sur ce marché de 3 milliards de dollars.

La société française Zodiac Aerospace, spécialiste des équipements et systèmes embarqués s’est imposée aussi en proposant des écrans intégrés aux sièges dans la production desquels elle est leader mondial. D’autres sociétés américaines plus petites sont également sur ce marché : Rockwell Collins, Flight Display Systems et Lumexis

Ces équipements coûteux génèrent des recettes par la diffusion de spots publicitaires et de promotions pour les produits en vente en cabine. Mais devant l’importance de l’investissement, les compagnies low cost proposent plutôt un accès à la VOD par le wifi, sur tablettes, smartphones et ordinateurs personnels ; l’accès est payant (6$ sur Delta Air Lines). Certaines de ces compagnies préfèrent louer des tablettes avec un choix de films enregistrés.

Du matériel américain ou français, mais peu de films français

La plupart du temps, les droits des films sont achetés par les compagnies directement aux sociétés de production comme la Paramount à raison de 15 à 20$ par film et par vol. Les contrats peuvent aussi être signés pour un certain nombre de films sur plusieurs années.

Mais il existe aussi une dizaine de sociétés intermédiaires qui fournissent le contenu après avoir acheté les droits des films aux sociétés de production, dont l’américaine IFE Services Limited, l’australienne Stellar Entertainment, ou la canadienne Skeye spécialisée dans la diffusion des films primés, comme La Vie d’Adèle. Cette société Montréalaise a de nombreux autres films français à son catalogue. Les films peuvent être diffusés 60 à 90 jours après leur sortie en salle, c’est-à-dire avant les chaînes de télévision à péage.

Forte de sa position dans la vente des systèmes multimédias embarqués et de la situation géographique de son siège américain, à Irvine, près d’Hollywood, Thales cherche également à se positionner comme fournisseur de contenu et discute depuis un an avec Paramount.

Cependant, cette présence conséquente des équipementiers français ne profite guère à l’industrie cinématographique hexagonale. Si l’on examine les films proposés par les grandes compagnies aériennes pour ce mois de février 2014, on se rend compte que le cinéma français y est très peu présent. Des exemples :

- United Airlines : sur les 150 films visibles sur les vols internationaux, 2 films français seulement: Coco avant Chanel et Le grand soir. Les 127 séries proposées sont bien sûr toutes américaines.

- Virgin Atlantic Airways : sur un choix de 60 films, aucun film français.

- British Airways : sur 109 films, un français : La marque des anges.

- Lufthansa : aucun film français sur 50 proposés.

- Japan Airlines : un seul film français, The Artist, sur une offre de 32 films.

- Iberia : un film français sur 18 disponibles: Jappeloup.

- Singapore Airlines : sur 46 films, un français, Un château en Italie.

Reste heureusement Air France, qui propose un bon choix de films français, très minoritaires cependant. Sur 127 films proposés, 21 sont français, soit 16% . Et la moitié d’entre eux seulement sont récents (sortis en 2013). Par ailleurs, Air France propose 15 séries télévisées : 14 sont américaines, une est française (Kaamelott).

Très peu de courts métrages dans les programmes des grandes compagnies aériennes, sauf sur Lufthansa qui propose quelques documentaires issus de chaînes de télévisions anglo-saxonnes. Cette faible présence du court métrage est étonnante ; en effet les films de moins d’une heure, de fiction, d’animation ou documentaires, auraient sans doute leur place pour rythmer la journée sur des vols de 6 heures et plus. Le court métrage est en bonne santé en France, comme en témoigne la production annuelle (plus de 500), le nombre de festivals dédiés (plus de 300) et la création de la fête du court métrage - “le jour le plus court” (le 21 décembre), reprise aujourd’hui par 13 pays européens et le Canada. Le cinéma français devrait pouvoir profiter de ce bon bilan.

A noter que les 3 films courts comme les 4 longs métrages primés le 19 février 2014 au Festival du film français en ligne d’UniFrance (My French Film Festival) seront diffusés sur Air France et proposés à d’autres compagnies par la société québécoise Skeye.

Le transport aérien a emporté plus de trois milliards de passagers dans le monde en 2013. Capter une part plus importante de ces spectateurs potentiels serait un défi pour les producteurs et distributeurs français, pour l’Agence du court métrage et pour UniFrance.

DM

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