Cinéma français : Toujours autant de films mais de moins en moins d'argent

Le CNC vient de publier le bilan de la production cinématographique en France en 2014. On note la stabilité du nombre de films produits, mais une baisse des investissements de près de 22%.

Si l’on considère les films “d’initiative française”, c’est-à-dire à capitaux majoritairement français et dont le producteur délégué est français, il ressort que le nombre de films produits est stable : 203 en 2014 contre 209 en 2013, ce qui reste supérieur à la moyenne de la dernière décennie. Les investissements dans ces films ont eux globalement reculé de 21,7%. Ceux des producteurs étrangers ont plus fortement chuté que les investissements français et seuls les financements des chaînes TV dans des coproductions ont augmenté.

Des producteurs plus prudents

Cette baisse des investissements démontre une plus grande prudence des producteurs. On constate en effet que la manne financière a surtout diminué pour les films à gros budgets, ce qui ramène le coût moyen d’un film de 4,88 M€ en 2013 à 3,94 M€ en 2014, le plus bas depuis 15 ans. Les médiocres résultats des films français en 2013 ne sont sans doute pas étrangers à cette prudence. On peut y voir aussi l’effet de la polémique lancée fin 2012 par le producteur Vincent Maraval. Celui-ci soulignait que les films français sont en moyenne plus coûteux que les films indépendants américains et que les grosses productions françaises perdent de l’argent alors qu’elles sont subventionnées.

Fin 2013, un rapport commandé par le CNC avait pointé l’inadéquation entre certains gros budgets et le potentiel commercial des films. Il soulignait que “les grosses mises sont les plus fructueuses, mais aussi les plus risquées”. Le rapport préconisait donc de limiter la dérive de certains coûts de production, notamment concernant le cachet des vedettes – interprètes, scénaristes et réalisateurs. Un an plus tard, fin 2014, la décision a été prise par le CNC de lier ses aides sélectives au plafonnement des rémunérations des professionnels. Cette tendance à la baisse des coûts de production pourrait donc se poursuivre en 2015.

Moins de capitaux, mais une vitalité intacte

Voulue par les professionnels, cette baisse des coûts n’est donc pas forcément une mauvaise nouvelle d’un point de vue économique. The Search, de Michel Hazanavicius, qui a attiré moins de 70 000 spectateurs français pour un budget de 22 à 25 M€, pourrait être l’exemple d’un risque mal évalué ; on peut cependant espérer pour lui une meilleure exploitation à l’international. Le CNC souligne a contrario les succès en salles des films à budgets moyens comme Hippocrate, Les combattants, Party girl ou Bande de filles. On peut y ajouter Marie Heurtin ou La chambre bleue. La qualité de ces films tendrait aussi à prouver que la baisse des coûts n’est pas non plus une mauvaise nouvelle sur le plan artistique.

Autre bonne nouvelle, la part des premiers ou seconds films reste stable en représentant près de la moitié des productions. Moins de capitaux donc pour les cinéastes français, mais sans doute toujours autant d’appétit !

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