L’année dernière à Marienbad, le 20 mai à Seattle

Un des films qui ont bouleversé le cinéma. Si l’on vous dit que c’est un film pour intellectuels, ne le croyez pas, c’est à votre imaginaire qu’il s’adresse. Le 20 mai à Seattle.

Tourné dans trois châteaux bavarois, écrit par Alain Robbe-Grillet et mis en scène par Alain Resnais, le film se déroule dans un monde irréel qui est celui de la mémoire, de l’imagination, du fantasme et du rêve. Le passé et le présent se mêlent et se brouillent, le vrai et l’incertain sont imbriqués et difficiles à distinguer. Mais, selon Alain Resnais "ce film n’est pas une énigme, chaque spectateur pourra trouver sa solution, cette solution sera toujours une bonne solution, mais ce ne sera pas la même que celle de son voisin". 

Dans un luxueux palace baroque, sous les yeux de l’énigmatique M (Sacha Pitoëff), X, un “homme à l’accent italien” (Giorgio Albertazzi) tente de convaincre une “femme brune”, A (Delphine Seyrig) qu’ils se sont déjà rencontrés et aimés à Marienbad ou ailleurs et qu’ils se sont donnés rendez-vous dans ce palace. Autour d’eux, les clients de l’hôtel (prisonniers, fantômes, personnages hypothétiques ?) semblent vivre dans un temps suspendu.

“A” finit par céder : "Après une dernière tentative pour se dérober encore, elle semble accepter d’être celle que l’inconnu attend, et de s’en aller avec lui vers quelque chose, quelque chose d’inommé, quelque chose d’autre : l’amour, la poésie, la liberté … ou, peut-être, la mort …" (Alain Robbe-Grillet, L’année dernière à Marienbad, Ciné-Roman, 1961)

Cette histoire a de nombreuses portes d’accès. Alain Resnais en a proposé lui-même plusieurs, en révélant qu’il a fait appel à des archétypes présents dans l’inconscient collectif : "On peut dire ainsi qu’il s’agit de la quête de l’Autre ou d’un prince charmant arrivant au château pour réveiller sa “belle”, d’un envoyé de la Mort qui vient chercher sa victime un an après, ou simplement d’une femme qui a eu une aventure et hésite entre son mari et son amant".

Au-delà de ces quatre entrées, on peut aussi évoquer Orphée, le mythe de l’éternel retour ou Faust. Ce film demandant la collaboration du spectateur, il fait l’objet de multiples tentatives d’explications. On peut l’interpréter par la psychanalyse ou la psychiatrie ; on peut en apprécier la beauté formelle et hypnotique ; on peut le voir comme un poème ou un récit de science fiction, le décrypter comme un puzzle ou un labyrinthe, une introspection ou une enquête ; on peut le comprendre comme une manipulation mentale ou un drame, un conte fantastique ou une recherche du temps perdu.

Il est certain en tout cas qu’il alimentera vos discussion d’après séance et que vous n’oublierez pas de sitôt ce film étrange et fascinant.

DM

 

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