L’animation française se porte bien

Le salon Cartoon Movie s’est achevé début mars à Lyon. Forum de cinéastes à la recherche de producteurs ou de distributeurs, cette manifestation, dont c’était la 17e édition, est réservée aux professionnels. Elle participe à la vitalité du dessin animé européen, et français en particulier.

Plus de 60 films ont été présentés dans ce salon ; les deux tiers sont en cours de développement ou sont déjà achevés. La France, leader en Europe avec une dizaine de longs métrages par an, présentait 25 films ; le CNC a déjà accordé son soutien à une quinzaine d’entre eux. Les distributeurs américains étaient présents avec la Weinstein Company et DreamWorks Animation. La place de la France est due en particulier à l’existence sur le territoire de 70 écoles de formation aux métiers de l’animation et de la 3D. Elle tient aussi à l’existence de nombreux festivals, dont le plus ancien, le Festival international du film d’animation d’Annecy, a été créé en 1960. Paris Image Digital Summit qui a pris cette année la suite de Paris FX est dédié à la création numérique. Le Festival Image par Image se tient depuis 15 ans dans le Val d’Oise ; non compétitif, il rapproche public et créateurs. On peut encore citer Les Nuits magiques de Bègles qui met en avant l’inventivité, ou le Festival du film d’animation d’Auch réservé aux productions françaises.

Plusieurs sorties de longs métrages sont prévues en 2015.

Les Moomins sur la Riviera de Xavier Picard vient de sortir en France. Adapté des dessins de la Finlandaise Tove Jansson, produit en 2D à la main par les studios Pictak, à Paris, avec la collaboration d’un studio finlandais pour les bruitages et d’une entreprise de Suzhou en Chine pour l’animation.

Un monde truqué  du dessinateur Jacques Tardi pour le graphisme. Marion Cotillard et Jean Rochefort font partie du casting voix. C’est une réalisation du studio parisien Je suis bien content qui a déjà réalisé Persépolis de Marjane Satrapi ou Silex and the City pour la télévision.

Iqbal, histoire d'un enfant qui n'avait pas peur de Babak Payami et Michel Fuzellier est produit par 2d3D Animation, un studio situé à Angoulême, coproducteur de Minuscule.

Ma vie de courgette de Claude Barras, adapté d’un roman de Gilles Paris par Céline Sciamma, se tourne actuellement en “stop motion” au Pôle Pixel de Lyon Villeurbanne sur huit  plateaux simultanément. Le réalisateur a fait appel à Tim Allen l’animateur de Corpse Bride de Tim Burton.

Le Petit Prince, de Mark Osborne, dont on a déjà parlé est une production 100% française. Mais Mikros Image en a confié la réalisation à ses studios montréalais. Mikros Image auquel on doit notamment Astérix: Le Domaine des Dieux, sorti en 2014, spécialisé dans la production d’effets visuels, créé à Paris avec des studios d’animation à Levallois-Perret, a aussi des studios à Liège.

On constate que loin du modèle hollywoodien, les studios français sont éparpillés sur le territoire.

La ville d’Angoulême et le Conseil Général de la Charente, ont soutenu la création du Pôle Image Magelis qui rassemble des entreprises du secteur de l’animation et de la création numérique. Le studio Les films du poisson rouge y a développé son propre moteur de rendu, Mode of Expression. Dargaud Media (Garfield et Cie, Boule et Bill …) qui tourne essentiellement pour la télévision, basé à Paris, a aussi des studios à Angoulême. Certains ont une réputation internationale. Normaal Studio, également du Pôle Magelis a été choisi par Peanuts Worldwide pour la dernière adaptation des Peanuts, diffusée sur France3 depuis novembre 2014 ; ce programme sera vendu dans le monde entier. Le studio parisien Illumination Mac Guff qui a produit Titeuf est quant à lui l’auteur de Despicable Me et The Lorax. À l’opposé de ce grand pôle, La Fabrique est basée dans un village de moins de 400 habitants dans le Gard. Elle a produit Princes et princesses, une poétique animation en papier découpé de Michel Ocelot, le créateur de Kirikou.

La vitalité de l’animation tient aussi à ses applications variées. Elle trouve sa place dans les clips ou les publicités, elle vient au secours de films d’acteurs pour des effets spéciaux, elle est présente aussi dans le film documentaire. C’est le cas pour D-Day (actuellement projeté dans de nombreuses salles Imax aux Etats-Unis) de Pascal Vuong, un moyen métrage sorti en salles en 2014, tourné pour écran Imax 3D en “animation au sable” et en images de synthèse réalisées par la société parisienne N3D Land qui a collaboré à Hugo Cabret, L’odyssée de Pi ou L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet et qui prépare un film sur le tour du monde de Solar Impulse.

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