Hitchcock / Truffaut : Plus qu’une leçon de cinéma, un documentaire qui rend intelligent

Cinéphile ou simple amoureux du grand écran, ce documentaire vous passionnera en vous faisant comprendre, à travers la rencontre de deux hommes, pourquoi le cinéma est appelé le 7e art. 

Kent Jones, assisté de Serge Toubiana a mis en images les enregistrements audio de l’entretien d’une semaine qu’Hitchcock accorda en août 1962 à François Truffaut, qui en tirera l'ouvrage Hitchcock/Truffaut. S’y ajoutent des interventions de cinéastes contemporains, (David Fincher, Wes Anderson, Olivier Assayas, Martin Scorsese, Arnaud Desplechin, Kiyoshi Kurosawa …) qui montrent à quel point le livre que Truffaut a tiré en 1966 de cet entretien a influencé le cinéma.

La notoriété de François Truffaut après notamment Les quatre cents coups et Jules et Jim, sorti six mois plus tôt, était déjà bien assise. Alfred Hitchcock, de 33 ans son aîné, était considéré à Hollywood comme le “maître du suspense”. Truffaut va montrer qu’il était surtout un génie de la mise en scène qui a largement contribué à inventer le langage cinématographique d’aujourd’hui. 

Hitchcock y raconte notamment ses techniques pour rechercher l’émotion du spectateur grâce au langage de l’image qui nécessite une parfaite maîtrise du temps, du jeu des acteurs et de l’espace. On est fasciné par la révélation du brio avec lequel Alfred Hitchcock maîtrisait le cadre, que ce soit l’appartement confiné de Fenêtre sur cour ou les grands espaces comme celui de la scène célèbre de l’avion dans La mort aux trousses, alors qu’il précise au cours de l’entretien “I never look through the camera”. 

Si on admire Hitchcock, on admire aussi l’intelligence de Truffaut et on ressent la connexion immédiate entre les deux réalisateurs qui partagent un même langage en dépit de quelques faiblesses de l’interprète. On sourit à la réaction de l’élève Truffaut pris en faute lorsque Hitchcock lui glisse “I would have hope that nothing is spoken” à propos de la scène des 400 coups dans laquelle le jeune Doinel surprend sa mère avec un homme qui n’est pas son père.

On découvre à l’occasion que la photo qui symbolise cette rencontre a été mise en scène par le maître lui-même. Ce cliché traduit toute l’admiration du jeune Truffaut et l’humour du réalisateur britannique qui joue au maître alors qu’il était d’une grande humilité. Les deux hommes resteront liés jusqu’au décès d’Hitchcock.

Quant à nous, nous nous sentons plus intelligent en sortant de la salle.

Le film est actuellement en salles aux Etats-Unis. Cliquez ici pour connaître les séances et voir la bande-annonce.

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