France Vs USA - Les objets cultes du cinéma : Le parapluie

1952, 1964, deux comédies musicales ont mis le parapluie à l’honneur : Singin’ in the Rain et Les parapluies de Cherbourg. 

Presque tout les oppose. D’un côté un film joyeux avec une happy end, de l’autre un film morose et une fin amère. Un environnement certes difficile pour les personnages de Singin’ in the Rain, quand les stars du muet se heurtent à l’avènement du cinéma parlant, mais pour ceux du film de Demy le contexte pesant de la fracture sociale et le drame de la guerre d’Algérie. 

Dans le film de Stanley Donen, le parapluie est la vedette d’une scène de quatre minutes qui débute après cette réplique : “From where I stand, the sun is shining all over the place”. Et Gene Kelly délaisse son abri et chante sous la pluie “I’m happy again, the sun is in my heart”. Ouvert ou fermé le parapluie est son partenaire de dance et le spectateur partage avec lui son soleil intérieur.  

Dans les premières images du film de Jacques Demy, vus du ciel, des parapluies de toutes les couleurs font un ballet au dessus des pavés mouillés de Cherbourg. Les parapluies de Cherbourg, au 13 rue du Port, c’est le nom de la boutique de Madame Emery, la mère de Geneviève (Catherine Deneuve). Dans la scène de fin, la neige a remplacé la pluie et le spectateur ne peut qu’avec tristesse la regarder tomber sur la chevelure de Geneviève qui s’est embourgeoisée. 

Malgré l’excellence du film de Jacques Demy et son parti pris osé de tourner un film entièrement chanté, difficile de ne pas préférer le chef d’œuvre de Stanley Donen qui donne à chacun l’envie de danser sous la pluie.

Le film de Demy a laissé un souvenir touristique à la ville de Cherbourg : la boutique a changé de propriétaire et d’activité, et, même si elle n’a jamais vendu de parapluies, elle s’appelle “Les parapluies de Cherbourg”.

Le combat était inégal entre la féérie hollywoodienne et la réalité du quotidien.

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