France versus USA – Objets cultes du cinéma : jeux d’enfants

Jeux d’enfants et Inception mettent tous deux au centre de l’histoire un jeu d’enfants, le manège pour le premier, la toupie pour le second.

Sorti en 2003, Jeux d’enfants, premier long métrage de Yann Samuell, réunit Guillaume Canet et Marion Cotillard. En 2010, Inception de Christopher Nolan réunit Leonardo DiCaprio et … Marion Cotillard.

Dans Jeux d’enfants, les deux amis d’enfance, Sophie et Julien, grandissent au rythme de défis qu’ils se lancent à tour de rôle en prononçant le “cap ou pas cap” des cours de récréation (d’où le titre anglais Love Me If You Dare). Celui qui a relevé le défi devient le détenteur d’une boite en métal en forme de manège, il/elle lancera le prochain défi. Cette boite crée le lien au moment de la rencontre des deux enfants. Il est pour les deux adultes qu’ils sont devenus la boite qui contient leur folie partagée.

Dans Inception– difficile à résumer !– les personnages évoluent tantôt dans le réel, tantôt dans divers niveaux de rêve qui s’emboitent comme des poupées russes. Le héro, Cobb, utilise une toupie pour savoir s’il est dans le monde réel ou dans un monde onirique. Si elle est lancée en rêve, la toupie ne s’arrête plus d’elle-même. Elle détermine donc ce qu’il va faire. 

Les deux objets sont au cœur de la fin de chacun des films. En laissant délibérément une fin ouverte, les deux réalisateurs ont obligé les spectateurs à observer attentivement ce qu’il advient de la toupie et du manège pour se faire une idée de la fin de l’histoire.

Dans Inception, Christopher Nolan a coupé la scène finale. On ne sait pas si la toupie va tomber ou non. Cobb retrouve t-il ses enfants en rêve, ou est-ce la réalité ? Des éléments laissent penser qu’il est bien revenu dans le monde réel et, avant que l’écran ne passe au noir, on a le temps de voir la toupie vaciller légèrement. Mais tous les spectateurs ne sont pas d’accord, ce qui a conduit nombre d’entre eux à revoir le film, et a alimenté des controverses via blogs et réseaux sociaux.

Dans Jeux d’enfants, lorsque l’on retrouve Julien et Sophie âgés, les coulures de ciment sur la boite décorée d’un manège laissent penser que le couple est sorti in extremis du béton. Mais la scène précédente dit l’inverse ; on ne sait pas là non plus si l’on est dans le rêve ou la réalité. La fin du film de Yann Samuell a énervé nombre de spectateurs : ceux qui ne veulent pas envisager une horrible fin à une comédie romantique et ceux qui préfèrent ne pas avoir à décider eux-mêmes de la fin d’un film. Elle a aussi alimenté des débats sur des forums de spectateurs qui ont vu et revu le film. 

Christopher Nolan et Yann Samuell n’ont pas choisi ces jeux par hasard. Leur rotation est hautement symbolique. La toupie évoque le mouvement terrestre, les aléas de la vie et l’instabilité humaine. Le manège évoque le temps qui tourne et le voyage de la vie. 

Souvent interrogés les deux réalisateurs n’ont jamais voulu donner d’indication quant à la fin de leurs films ! Il semble qu’ils ont surtout cherché une fin allégorique. Dans Inception, Cobb se détourne de la toupie qui tourne encore et va vers ses enfant : ce qu’il a envie de vivre est plus important que savoir si le monde est réel. Dans Jeux d’enfants, les protagonistes jouent la dernière partie : ils passent à l’âge adulte et renoncent à l’égocentrisme enfantin.

Match nul quant à l’impact de ces fins sur des spectateurs dubitatifs et parfois accros !

Un autre point commun rapproche ces films : les thème récurrents de leurs bandes originales sont deux chansons d’Edith Piaf, La vie en rose pour Jeux d’enfants et Je ne regrette rien pour Inception. 

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