Comment Alain Resnais a failli adapter un Marvel au cinéma (Video)

Malgré son amour pour les Comics et son amitié avec le dessinateur phare de Marvel, Stan Lee, Alain Resnais n’a jamais tourné aux Etats-Unis. Histoire d’une tentative dans les années 70.

Alain Resnais n’était pas seulement celui qui a adapté Alain Robbe-Grillet à l’écran. Il aimait la culture populaire, celle de la chanson, de la comédie musicale, du théâtre de boulevard, du roman feuilleton. C’était aussi un grand amateur de bande dessinée, américaine en particulier. L’auteur Enki Bilal a rapporté qu’il disaitQuand je suis fatigué, je lis un livre ; quand je suis en forme, je lis une bande dessinée.

Cet amour d’enfance pour les comics s’est surtout concrétisé dans ses affiches de film pour lesquelles il a fait appel à des dessinateurs : Enki Bilal pour Mon Oncle d’Amérique et La Vie est un roman, Floc'h pour Smoking, No smoking, On connaît la chanson et  Pas sur la bouche, Blutch pour Les Herbes Folles et Vous n’avez encore rien vu, et Blutch encore pour son dernier film Aimer, boire et chanter, dans lequel il a inséré des intertitres dessinés et créé des décors façon cartoon.

Projet d'adaptation de Tintin... et de Spider-Man

On savait qu’il avait envisagé une adaptation de Tintin, acheté les droits de Flash Gordon sans pouvoir réaliser le film et longtemps travaillé sur une adaptation d’Harry Dickson. Une vidéo postée le jour de la mort de Stan Lee, tournée l’année précédente par le documentariste Daniel Raim nous apprend qu’il aurait aimé diriger une adaptation de Spider-Man, personnage créé par Stan Lee, créateur aussi pour Marvel Comics, de Hulk, Iron Man, Thor, Les 4 Fantastiques, Black Panther, Daredevil, Doctor Strange, Sorcière rouge (Scarlet Witch), Les X-men, Ant-Man … la liste est encore longue.

On apprend surtout que les deux hommes avaient travaillé ensemble à Hewlett Harbor (Long Island), dans la résidence de Stan Lee, et poussé assez loin un projet intitulé The Monster Maker, film de science fiction sur les méfaits de la pollution. En mai 1971, le New York Times annonçait le prochain tournage du film dans une production Filmways. Stan Lee qualifiait le film de “realistic fantasy”. Il devait se tourner sur Rat Island, îlot dans l'East River au nord-est du Bronx et dans des décharges autour de New York. Mais, comme la vidéo nous l'apprend, le projet n'a pas pu se faire, Alain Resnais refusant les demandes du producteur de réduire le nombres de scènes et la quantité de dialogues du scénario.

Au final, la seule collaboration entre l'auteur de comics américain et le réalisateur français sera pour L’An 01 de Jacques Doillon : Stan Lee est le narrateur dans la séquence cartoonesque tournée à New York par Alain Resnais !

Revenir