Alceste à bicyclette récompensé au Festival de Sarasota

Attribué l’année dernière à Ken Loach pour La part des anges, le prix du public pour un film étranger du Festival de Sarasota a été attribué cette année à Alceste à bicyclette de Philippe le Guay.

Le festival de Sarasota est un festival du film indépendant créé en Floride il y a quinze ans. L’édition 2014 s’est achevée samedi soir sur la consécration de Ida, drame en noir et blanc dans la Pologne d’après-guerre du réalisateur Pawel Pawlikowski, déjà primé au festival de Varsovie en octobre 2013. Deux films français étaient en compétition : Jeune et Jolie de François Ozon et Arrête ou je continue de Sophie Fillières. Hors compétition officielle, une copie restaurée de Mauvais sang, le thriller de Leos Carax de 1986 y était aussi programmée, de même que cinq films français sortis en 2013 dont Alceste à bicyclette de Philippe le Guay qui a donc reçu le prix du public pour un film étranger.

Deux acteurs de théâtre s’y confrontent dans une mise en abyme de la pièce de Molière, Le misanthrope. Fabrice Lucchini, qui avait déjà tourné dans trois films de Philippe le Guay, et Lambert Wilson tiennent les deux rôles principaux de ce huis-clos à ciel ouvert, sur l’île de Ré en morte saison. Hommage au théâtre et aux acteurs, mais aussi dissection des travers du monde du spectacle, ce film est une comédie dramatique ironique qui évite l’excès de caricature. C’est aussi un film divertissant et drôle porté par deux grands acteurs qui jouent avec finesse l’amitié /rivalité qu’engendrent sans doute les relations entre acteurs à l’ego surdimensionné. Ce film donne envie de redécouvrir l’île de Ré … et Molière ! 

Le film de Philippe le Guay a fait le tour des festivals américains. Déjà présenté en avril 2013 au Festival COLCOA de Los Angeles et à celui de TriBeCa, puis en janvier dernier au Festival International de Palm Springs, en Californie, en février dernier au Festival International de Portland et en mars au Festival du Film français de Richmond, il est actuellement à l’affiche du Festival de Minneapolis et Saint Paul, dans le Minnesota.

Le critique du quotidien The Oregonian, s’il n’a pas apprécié les incursions ratées dans le burlesque, a aimé le film pour les beaux paysages de l’île de Ré et pour la drôlerie de la querelle théâtrale entre les deux acteurs. Il cite en particulier la séquence où, répétant une scène de Molière, ils en inversent la dynamique en échangeant leurs rôles.

Pour le rédacteur du Hollywood Reporter, c’est un huis-clos dans lequel s’affrontent les ego de deux acteurs qui tentent de ne pas s’étrangler au cours des répétitions. Lui aussi a apprécié la force des séquences des différentes lectures de Molière et il souligne la qualité de jeu de Fabrice Lucchini ; il regrette aussi les tentatives de burlesque et souligne la belle utilisation du paysage insulaire dans un film dont le cœur est un texte théâtral.

Bien reçu par les critiques de la presse française, à l’exception notable de Pierre Murat de Télérama, le film de Philippe le Guay, nommé trois fois pour les Césars, a été très bien accueilli par le public français et a dépassé le million d’entrée en 2013, le plaçant au douzième rang des films français au box-office hexagonal.

Il est visible aujourd’hui et ce samedi 19 avril à Minneapolis, à New York à partir du 23 avril et à Santa Fe à partir du 9 mai. 

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