A six mille kilomètres de la métropole qui prépare l'Exposition Coloniale de 1931, la Martinique vit, elle aussi, à l'heure des vacances d'été. Au milieu de la plantation, la Rue Cases Nègres : deux rangées de cases de bois, désertées par les adultes partis travailler dans la canne à sucre du planteur, l'invisible maitre ; entre eux et lui, la hiérarchie des géreurs, économes et autres commandeurs, chargés de les faire travailler et de les payer... le moins possible. Jusqu'au coucher du soleil, la rue Cases Négres appartient aux enfants et surtout à José, onze ans, orphelin. Pour eux, ce sont les vacances, les jeux et pourtant leur dernier été d'insouciance : un an plus tard, la vie, au gré de leurs succès ou de leurs échecs scolaires, les séparera : la "canne" pour les uns, le travail avec le certificat d'études pour les autres, et peut-etre pour ceux qui réussiraient le concours des bourses, le lycée de Fort de France.